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En 1993, en pleine crise sociale, Pierre Bourdieu publie « La Misère du monde » dans une France rongée par le chômage et l’exclusion. Avec vingt-deux collègues sociologues, il collecte des récits de vie auprès de « petites gens » sans le moindre privilège, sans-abri, immigré·es, infirmier·ères, étudiant·es, agriculteur·rices. Une enquête sans précédent qui donne une voix aux personnes qui n’en ont pas, avec pour objectif de débusquer la violence inhérente à la pauvreté matérielle, à l’école, au marché du travail, à la vie professionnelle et à l’accès au logement. Epaulée par Odile Cornuz, l’artiste neuchâteloise Orélie Fuchs s’empare aujourd’hui de ces témoignages toujours pertinents pour les faire entendre dans une forme mêlant art plastique et art vivant. Au cœur d’une installation de chaises et de bois, transformée en temps réel par le plasticien Tan Chen, trois interprètes incarnent ces défavorisé·es, cherchent leur place et rendent hommage avec sensibilité à ces destins ébréchés par une société qui les a invisibilisés.

Née en 1977 à Neuchâtel, Orélie Fuchs est diplômée de l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Genève en 2001. Autrice en résidence à la Comédie de Genève en 2002, elle y écrit et met en scène sa première pièce. Suivront plusieurs bourses d’écriture, ainsi que différents projets à la croisée de l’écriture et des arts plastiques. Née en 1979, Odile Cornuz a publié plusieurs ouvrages qui oscillent entre récits fragmentés, prose poétique, monologues radiophoniques et narration interrogative. Elle écrit notamment « Percées », texte proposé en 2021 au TPR pour le spectacle « Nous roulons sur des rails, donc ce tunnel doit conduire quelque part » d’après Dürrenmatt, mis en scène par Anne Bisang. Célèbre sociologue et intellectuel français du 20e siècle, Pierre Bourdieu s’est notamment attelé à rendre compte de la violence symbolique des mécanismes de reproduction des hiérarchies sociales.